En mai dernier, j’ai eu l’occasion de mieux découvrir le «petit chemin de Compostelle» de ma région d’origine, le Saguenay – Lac-Saint-Jean. Ce sentier nommé « Sentier Notre-Dame Kapatakan », je ne l’ai alors marché qu’une journée de mes propres pieds, mais j’ai goûté et savouré l’expérience du groupe que j’accompagnais et conduisais en minibus tout au long du voyage. Et ce groupe, c’était une quinzaine d’excellents marcheurs de la FADOQ de Montréal, qui ont relevé le défi de parcourir plusieurs kilomètres de ce sentier privilégié.
Parcours diversifié et paysages majestueux du sentier Notre-Dame Kapatakan
De Rivière-Éternité, dans l’est du Saguenay, à l’Ermitage Saint-Antoine du Lac-Bouchette, au sud du Lac-Saint-Jean, le sentier Notre-Dame Kapatakan parcourt en tout plus de 215 km. Les courageux qui entreprennent de le marcher en entier doivent prévoir le temps (et l’énergie) que ça implique! Mais la majorité des visiteurs foulant son sol en profitent quelques jours à la fois et c’est pourquoi Spiritours avait sélectionné quatre passages spécifiques du sentier pour les quatre jours de marche de mon groupe de la FADOQ.
Chacun de ces passages a donné une teinte différente à l’aventure, étant bien différents les uns des autres, du sentier en forêt aux routes municipales, passant par le chemin pour camions forestiers, le rang champêtre et la véloroute.
À travers tout cela, ça reste la beauté estivale des paysages qui a le plus émerveillé mon groupe de voyageurs. Ils ne parcouraient pas tous la même distance et n’avançaient pas à une même vitesse, trois options de lieux de départ leur étant proposés chaque matin, mais le soir venu, chacun pouvait témoigner de tel point de vue ou tel passage qui l’avait fait se sentir particulièrement bien.
La nature a la réputation bien méritée de permettre des expériences de transcendance, cette sensation remplissante de goûter à quelque chose de bon qui nous dépasse… Eh bien, ces vues majestueuses sur notre nature québécoise constituent un décor de choix pour que l’exercice physique qu’est la marche soit aussi une occasion de croissance spirituelle!
Fière Jeannoise
Fière de mes racines depuis toujours, j’apprécie encore plus ma région d’origine depuis que j’habite ailleurs et que je voyage beaucoup. C’est la nouveauté qui émerveille et maintenant, quand je reviens «chez moi», spécialement en été, ma perspective élargie me permet d’admirer ce que je vois avec un regard nouveau. Mais ma fierté de Saguenay-Jeannoise atteint son sommet lorsque des gens d’ailleurs complimentent ses attraits et sa beauté! C’était donc un grand plaisir pour moi d’être représentante de la région auprès de quelques-uns de ses visiteurs.
Aussi ai-je bien profité de l’opportunité qui m’était donnée dans ce voyage de partager quelques informations et anecdotes régionales, répondant aux questions de mon mieux et aidant à discerner les chemins à prendre grâce à mes connaissances de la géographie.
Et c’est ainsi que j’avais la joie non seulement de communier à l’expérience vécue par mon groupe grâce aux témoignages de fin de journée, mais également de participer à ce que la marche quotidienne se passe bien en plus de déposer les marcheurs à leurs points de départ respectifs.
Et parlant de fierté… Ça m’a bien amusée d’observer celle immense qui envahissait ma poitrine lorsqu’on me commentait avoir expérimenté la gentillesse et la serviabilité des habitants locaux! Je suis fière d’abord et avant tout de «mes» gens!
Une aventure de groupe sur le sentier Notre-Dame Kapatakan
Donc, les gens rencontrés étaient un apport agréable, mais les personnes les plus importantes du voyage étaient définitivement les participants eux-mêmes. Le même itinéraire et le même horaire ne créent pas la même aventure dépendamment des gens qui s’y engagent ensemble! Bien que j’aie encore peu d’expérience à accompagner des groupes, j’ai été participante dans plusieurs au cours de ma vie et en ai côtoyé encore plusieurs autres dans diverses occasions. C’est donc en connaissance de cause que j’ai pu constater combien l’ambiance d’ouverture et les relations bienveillantes de «mes» marcheurs n’étaient pas ordinaires!
Dans ce genre de voyages, chaque personne porte la responsabilité d’une part de l’ambiance et du bon déroulement des événements. Alors quand chacun est ouvert à être en relation avec tous et qu’il se trouve dans le groupe quelques excellents leaders positifs et plusieurs beaux modèles d’émerveillement et de résilience, la recette est gagnante!
Le secret du groupe que j’ai accompagné sur le sentier Notre-Dame Kapatakan: les marches préparatoires, avant le voyage. Elles ne sont pas magiques, mais pour ce groupe de personnes bien sociables, elles ont permis de développer tout naturellement une habitude à entrer en relation avec qui s’adonne à être à proximité, qui qu’il soit.
Elles ont aussi mis en confiance les uns et les autres, qui ont pu constater la bienveillance générale. Et les quelques participants au voyage qui ne les ont pas faites n’ont ensuite eu aucune difficulté à s’intégrer au groupe: ils ont rapidement ressenti la fraternité ouverte et sans malice qui y régnait.
Un tel esprit de groupe, joliment imprégné d’humour, permet une dimension sociale très riche à ce genre d’expériences. La sociabilité ne tient pas un rôle aussi important chez tout le monde, mais tout être humain a au moins besoin de relations vraies et saines. Et il est rare de vivre l’expérience d’un groupe composé d’une telle majorité de personnes extraverties!
Ça a pu représenter un défi particulier pour les plus introvertis du groupe, qui en sont ressortis autrement enrichis par cette différence, mais pour moi et ces autres qui avons l’habitude d’avoir à tempérer notre enthousiasme pour ne pas trop envahir les gens autour, c’était rafraichissant, je dirais, de se sentir ainsi entouré de ses semblables!
La sagesse de l’âge
En regardant agir les membres du groupe de la FADOQ, j’ai compris un peu mieux comment l’expérience des années vécues peut permettre d’acquérir plus de sagesse. Ce ne sont malheureusement pas tous les aînés qui me donnent cette impression, mais dans ce groupe, plusieurs ont profité de leurs années passantes pour devenir de meilleures personnes et surtout, devenir plus heureux!
J’ai constaté cela spécialement en ceux faisant preuve de résilience, cette capacité d’accepter les choses telles qu’elles sont pour mieux avancer dans le réel. Comme quand une bonne marcheuse s’est vue réduite à ne pouvoir faire que quelques kilomètres chaque jour à cause de blessures aux genoux causées par la descente de nombreux escaliers le premier jour et qu’elle s’émerveillait tout de même de tout ce qu’elle vivait dans ce voyage.
Et quand certains autres choisissaient aussi de mettre l’accent sur le beau malgré le moins agréable (la pluie, par exemple) parce qu’ils avaient compris que leur bonheur était plus une question de perception personnelle que d’éléments extérieurs.
Je ne suis moi-même ni une grande marcheuse ni une personne facilement résiliente… J’ai pris soin du groupe que j’ai accompagné de mon mieux, selon mes propres capacités, mais ce sont surtout eux qui m’ont impressionnée et parfois surprise. Je n’ai donc pas manqué de profiter des modèles qu’il m’était donné d’observer! Et j’en ressors grandie. Comme il se doit d’une aventure!
Par Valérie Carrier, accompagnatrice de Spiritours
Envie de découvrir le «petit Compostelle du Québec»? Cet automne, du 15 au 20 septembre 2022, nous offrons un autre séjour au Saguenay – Lac-Saint-Jean « Sentier Notre-Dame Kapatakan »!