À partir du mercredi des Cendres (cette année-ci le 17 février), l’Église commence la période de quarante jours du Carême.
Le message principal de ce temps porte sur la préparation spirituelle des chrétiens à vivre dignement et profondément les fêtes de la résurrection du Seigneur. Ce sont les plus grandes fêtes du christianisme liées aux événements de la passion et de la résurrection du Christ, événements qui constituent le fondement de l’Église et de la foi des fidèles. Puisque ce sont les fêtes les plus importantes (également connues sous le nom de Pâques), elles nécessitent une préparation spéciale pour pouvoir les vivre correctement; d’où le nom de Carême, et pas n’importe quelle pénitence ordinaire.
Historiquement parlant
Historiquement, cette période s’est développée lentement, prenant divers aspects, pour finalement atteindre la forme que nous connaissons aujourd’hui. Au cours des premiers siècles, le Carême ne durait que le Vendredi Saint et le Samedi Saint.
Au troisième siècle, cette période de jeûne s’est étendue sur une semaine entière, et au début du quatrième siècle, elle a été prolongée à quarante jours en mémoire du jeûne de quarante jours de Jésus dans le désert et de quarante ans d’errance des Israélites après avoir fui d’Égypte.
Au septième siècle, le début du Carême commençait le sixième dimanche avant Pâques. Les dimanches étant exclus du jeûne pour préserver les 40 jours de pénitence, ils ont commencé un mercredi d’où la tradition chrétienne pour le mercredi des Cendres.
À partir de 1570, c’était une pratique courante dans l’Église. Ce jour-là, en signe de pénitence, des cendres étaient répandues sur les têtes des croyants, rappelant le vrai sens de vivre avec Dieu. Après le Concile Vatican II (1962-1965), les différents noms des dimanches du Carême ont été unifiés, de sorte qu’aujourd’hui ils sont appelés: le premier, deuxième, troisième, quatrième, cinquième dimanche du Carême, et le sixième est appelé Dimanche des Rameaux, c’est-à-dire Dimanche de la Passion.
En résumé: La période du Carême dure à partir du mercredi des Cendres jusqu’à la liturgie du Jeudi Saint, qui à son tour commence la grande fête pascale célébrée trois jours, le soi-disant Triduum pascal.
Liturgiquement
Tout au long de cette période, suite à l’encouragement biblique du jeûne, de la prière et de l’aumône, diverses pratiques pénitentielles ont été adoptées pour souligner l’importance de ce temps et se préparer intérieurement aux plus grandes fêtes de toute l’année liturgique.
Aujourd’hui, profitant de la richesse historique de cette période et suivant les directives bibliques et liturgiques de l’Église, les fidèles ont une image plus complète de ce que signifient réellement ces moments de 40 jours et de la meilleure façon de préparer Pâques. C’est avant tout une période de préparation spirituelle intérieure (dans le langage biblique du cœur) d’une personne, accompagnée de manifestations extérieures de certains gestes.
Spiritualité du Carême
Il s’agit de ce que l’Église appelle la métanoïa, c’est-à-dire une adhésion plus permanente et profonde à Dieu, le changement du cœur humain et la réconciliation avec les autres, qui peut s’exprimer en gestes, comme par exemple :
- une plus grande écoute de la Parole de Dieu,
- une plus grande concentration sur la prière, à la fois privée et communautaire (familiale),
- recevoir le sacrement de pénitence et de réconciliation,
- participer à divers exercices de Carême, par exemple aux offices de Carême,
- faire preuve d’une plus grande sensibilité aux besoins des autres,
- une plus grande abstinence de manger et de boire,
- prendre certaines décisions spécifiques pour faire preuve d’altruisme, de noblesse de cœur, de sourire et de gentillesse envers les autres.
Trouver Dieu
Tous ces encouragements présents dans la pratique traditionnelle du Carême consistent à se concentrer sur la prière, le jeûne et l’aumône. En fait, ils visent à montrer que le premier but de la vie est Dieu, qui est capable de diriger efficacement les vies, de guérir de la possible perte du péché et de l’orgueil. Bien sûr, les croyants accomplissent ces actions avec le message salvifique de Jésus-Christ, en particulier pour la décision de donner sa vie pour l’humanité toute entière, puisque c’est le principal motif de la conversion (metanoia).
Mais qu’il est dur de se convertir, de changer des habitudes, de faire le tri des héritages pour discerner ce qui peut encore servir de ce qui est obsolète (dépassé).
Qu’il est dur de se renoncer à soi-même et de ne pas se servir d’abord!
Qu’il est dur de prendre son fardeau de s’accepter tel que l’on est avec des faiblesses, des impuretés, des insuffisances, des intolérances, des peines, des désespoirs, bref, tout ce qui fait que l’on ne s’aime pas beaucoup parce que l’on voudrait tellement être autre!
Qu’il est dur de se reconnaître pécheur et de demander le pardon d’un autre, même, et surtout, si l’on sait que ce pardon est acquis d’avance. C’est tellement peu dans notre comportement !
Qu’il est donc dur de se convertir, de s’ouvrir à une autre démarche que celle du marchandage!
Qu’il est dur d’accepter gratuitement, sans aucun mérite, sans contrepartie, le don de Dieu!
C’est pourquoi l’Église propose à tous les croyants ce temps exceptionnel du Carême afin que les chrétiens s’interrogent sur les façons d’approfondir leur union spirituelle avec Dieu. Chaque fidèle est invité à discerner et à chercher Dieu.
Pour trouver le Seigneur, il faut regarder dans la direction dans laquelle il se trouve. Et Il est «le plus petit des frères»: «Tout ce que vous avez fait pour l’un des plus petits, vous l’avez fait pour moi» (cf. Mt 25, 40, 45).
Il est impossible de dire aujourd’hui: «Je ne sais pas que Dieu est parmi nous». Le message – la certitude qu’il a vécu, est mort, ressuscité et vit – est transmis par les disciples de Jésus depuis plus de deux mille ans. Dieu nous parle et nous appelle à devenir hommes, femmes de bonté de générosité, artisans de paix et de réconciliation au milieu des frères et des sœurs qui comme jamais avant sont à la recherche du vrai bonheur que Dieu seul peut combler le cœur de chaque être humain. Voilà le sens du Carême que saint François d’Assise a bien compris, exprimé dans sa prière qui peut être le programme pour le Carême, mais aussi pour toute la vie de chaque personne afin de construire une culture de paix, de tolérance, d’inclusion, de compréhension mutuelle et de solidarité (Fratelli tutti).
Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix!
Là où est la haine, que je mette l’amour.
Là où est l’offense, que je mette le pardon.
Là où est le doute, que je mette la foi.
Là où est le désespoir, que je mette l’espérance.
Là où sont les ténèbres, que je mette ta lumière.
Là où est la tristesse, que je mette la joie.
Là où est la discorde, que je mette l’union.
Là où est l’erreur, que je mette la vérité.
Fais, Seigneur, que je ne cherche pas tant
D’être consolé, que de consoler.
D’être compris, que de comprendre.
D’être aimé, que d’aimer.
Parce que
C’est en se donnant que l’on reçoit.
C’est en pardonnant que l’on obtient le pardon.
C’est en s’oubliant soi-même que l’on se trouve soi-même.
C’est en mourant que l’on ressuscite à l’éternelle Vie !
Par Néhémie Prybinski, ofm
Une réponse
Bonjour,
Très beau texte et belle prière pour débuter cette journée du vendredi.
Cette année encore, tout comme en 2020, nous accepterons que nos lieux de culte soient fermés et réduisent au silence tous les chrétiens.
A l’instar de Jésus Christ; quand aurons-nous le courage de nous lever comme lui l’à fait pour nous lors de sa passion? De quitter notre peur et de prendre soin des autres, de nos enfants, de nos aînés ; Quand? Espérons que le renouveau de la Pâques nous permettra de reprendre dans la dignité notre envol et de revivre comme le Seigneur nous l’a enseigné.
Bonne journée !
Normand