Dans cet article, l’abbé Réjean Lessard, recteur du sanctuaire diocésain de Ste-Thérèse-de-l’Enfant-Jésus, nous partage les points marquants de l’histoire de sainte Thérèse de Lisieux.
«Histoire d’une âme», l’héritage spirituel de sainte Thérèse de Lisieux
Un an après le décès de sainte Thérèse de-l’Enfant-Jésus, la prieure du Carmel fait paraitre une circulaire concernant ses écrits qu’elle va intituler Histoire d’une âme. Plusieurs personnes y découvraient une nouvelle façon de vivre la spiritualité.
Thérèse citait plusieurs extraits de la Parole de Dieu. Le fondement de ses écrits était basé sur l’Amour miséricordieux du Père. Que de fois, elle a fait allusion à l’Enfant prodigue. Le père qui accueille son enfant qui a quitté la maison paternelle brusquement et il y revient. Le père qui accueille le fils ainé qui devient en colère en constatant la réaction de son père qui accueille son frère.
Voici un extrait de ses écrits :
«Oui je le sens, quand même j’aurais sur la conscience tous les péchés qui se peuvent se commettre, j’irais, le cœur brisé de repentir, me jeter dans les bras de Jésus, car je sais combien Il chérit l’enfant prodigue qui revient à Lui » MS C.
À la lecture de la circulaire dans les années 1900, plusieurs milliers de pèlerins se rendent au cimetière de Lisieux pour y prier, demander des faveurs, des guérisons.
De nos jours, ce livre Histoire d’une âme est traduit en 50 langues, et encore des milliers de pèlerins se rendent à Lisieux pour un ressourcement spirituel.
La famille de sainte Thérèse de Lisieux
Nous pouvons nous poser la question: comment se fait-il que Thérèse en peu de temps (1873-1897) ait pu saisir le message Évangélique?
D’abord, elle est née dans un milieu très chrétien et sensible aux valeurs religieuses. Son père Louis Martin et sa maman Zélie Guérin ont voulu devenir religieux. Mais de part et d’autre, les supérieures des communautés les ont invités à rester dans le monde civil.
Ils se sont rencontrés, se sont mariés à Alençon, ont eu 9 enfants dont 4 décédés en bas âge. Une expérience conjugale et parentale difficile à vivre mais ils confiaient leurs enfants décédés au Bon Dieu. Ils devenaient des anges pour protéger leur famille.
Les parents étaient assidus à la messe quotidienne, la récitation du chapelet, les visites des églises, l’heure d’adoration, le temps du carême: moment propice pour faire des sacrifices. Des parents impliqués professionnellement, socialement, communautairement. M. Martin était horloger et Mme Guérin, chef d’entreprise de la fabrication de dentelle avec 25 employés.
Un évènement tragique est arrivé: le décès de Mme Zélie Guérin à l’âge de
46 ans. M. Martin restait seul avec 5 filles. Il va déménager à Lisieux afin d’être proche de son beau-frère et de sa belle-sœur.
Chemin faisant deux sœurs de Thérèse vont entrer au carmel de Lisieux: Marie et Pauline et Léonie entrera au Couvent de la Visitation à Caen.
M. Louis Martin et Mme Zélie Guérin ont été béatifiés à Lisieux en 2008 et canonisés en 2015 à Rome. D’ailleurs, le Reliquaire des saints Louis et Zélie Martin repose dans la Basilique de Lisieux.
Entrée de sainte Thérèse au carmel
Thérèse dès l’âge de 15 ans veut entrer au carmel. Elle en fait la demande à son papa dimanche le 29 mai 1887 au retour de la messe, jour de la Pentecôte, à la maison des Buissonnets. Mais il aura fallu des démarches et des permissions spéciales pour entrer au Carmel.
Revenons à Thérèse qui rencontre la Prieure du Carmel. Celle-ci lui demande d’écrire le pourquoi d’entrer au Carmel. Dans sa demande écrite, elle cite 2 motifs :
- Je veux entrer au Carmel pour sauver des âmes;
- Et surtout prier pour les prêtres.
Ces deux motifs reposent sur son expérience de vie. Commençons par le premier motif :
Au printemps 1887, Henri Pranzini a commis un triple meurtre crapuleux à Paris. Il sera condamné à la guillotine à la fin du mois août 1887. Les écrits du procès sont rapportés dans le journal La Croix que M. Martin reçoit à la maison. Thérèse lira le journal et se met à prier pour ce condamné à mort. Il refusera de rencontrer l’aumônier de la prison.
Ce 31 août au pied de l’échafaud, à Paris à la place centrale près de 2000 personnes sont rassemblées pour voir Pranzini. Celui-ci accompagné par les gardiens de la prison et de l’aumônier, s’arrête au pied de l’échafaud et embrasse le crucifix de l’aumônier par 3 fois.
Le lendemain, le tout est décrit dans le journal la Croix. Et pour Thérèse comme elle avait prié pour ce pécheur, et même payé une messe interprète le geste de Pranzini comme étant un geste de demande de pardon. Elle se disait que le Père miséricordieux l’accueilli.
Voici pour le deuxième motif :
En 1887, le Pape Léon X111 souligne son 50ᵉ anniversaire de sacerdoce. Un pèlerinage s’organise à partir de Paris. M. Martin et ses deux filles Thérèse et Céline font partie de ce voyage. Mais ils ont passé quelques jours à visiter Paris avant d’entreprendre ce pèlerinage. M. Martin va assez souvent à la Basilique Notre-Dame des Victoires pour prier. Il amène ses deux filles.
Le départ se fait le 4 novembre pour revenir le 2 décembre. Ils sont 197 pèlerins français dont 75 prêtres. La future carmélite découvre que les prêtres ne sont ni des anges ni des dieux. Dans le train et dans les hôtels, Thérèse entend leurs conversations pas toujours édifiantes surtout après un bon repas. Thérèse découvre que ces prêtres sont des hommes faibles et fragiles. Elle pense au Carmel qui est un lieu pour prier pour les prêtres.
Thérèse entrera au Carmel de Lisieux en avril 1888. Elle décédera le 30 septembre 1897. Elle dira «Je ne meurs pas, j’entre dans la vie», et «Je veux passer mon Ciel à faire du bien sur la terre».
Le parcours de sainte Thérèse de Lisieux vers la sainteté
Thérèse a vécu avec ce grand désir: devenir une sainte, elle veut rapidement aller dans les bras du Bon Dieu. Elle fera l’expérience spirituelle, voici ce qu’elle écrit dans la lettre 197 à sa sœur Marie du Sacré Cœur: «Ce qui lui (Dieu) plait c’est de me voir aimer ma petitesse et ma pauvreté, c’est l’espérance aveugle que j’ai en sa miséricorde. Voilà mon seul trésor».
Son expérience spirituelle au Carmel lui permet d’être capable d’aimer ce qui la rend pauvre. Le Christ nous rejoint dans nos limites. Elle accepte d’être portée par les bras de Jésus. Vers la fin de sa vie Thérèse perçoit toujours cet écart entre l’appel à la sainteté et la réalité de sa pauvreté.
D’avril 1896 à avril 1897, Thérèse va vivre la nuit de la foi. C’est une sécheresse dans sa vie spirituelle. Plus rien ne va: elle est distraite dans ses prières, pendant la messe, elle s’endort en faisant de l’adoration, rien ne va plus. Mais au-delà des doutes, elle continuera à avoir confiance en l’amour miséricordieux de Dieu.
Thérèse a fondé sa vie sur un roc: celui de la Miséricorde de Dieu. Elle a été déclarée Docteure de l’église en 1997 avec aucun diplôme universitaire. La petite voie de Thérèse est un chemin, une manière de vivre en communion avec Dieu, peu importe les âges et les temps.
Le Grand Reliquaire de sainte Thérèse de Lisieux au Canada
En 2001, le Grand Reliquaire de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la sainte Face est venu passer 4 mois au Canada. Des milliers de pèlerins sont allés se recueillir, prier, porter une intention à Thérèse afin qu’elle intercède auprès de Dieu.
Voici un fait vécu qui s’est passé au Sanctuaire diocésain de Ste-Thérèse à Beauport, fin novembre 2001 à Québec :
Dans la nuit du samedi au dimanche vers 3 heures du matin, un policier est entré se demandant ce qui se passait dans ce Sanctuaire. La personne à l’accueil lui dit «Fais comme les autres: fais la file, va toucher au Reliquaire».
Ce policier après avoir fait ce qui lui a été demandé est sorti de l’église. Il revient quelques minutes plus tard revoir la personne préposée à l’accueil. Il s’exprime: « je ne sais ce qui se passe intérieurement ». Le préposé lui dit « il y a un prêtre dans le confessionnal, vas le voir ». Le policier est entré au confessionnal avec son revolver et a passé une heure avec le prêtre.
Au sortir de sa rencontre, il est parti avec un visage lumineux et heureux. Thérèse nous invite à expérimenter l’amour miséricordieux du Père.
En mai 2025, le Sanctuaire recevra le Grand Reliquaire de sainte Thérèse à l’occasion du 100ième anniversaire de sa canonisation. Elle a été béatifiée en 1923.
Elle citait dans ses écrits: «Quand je mourrai, je ferai descendre une pluie de roses du ciel.»
Par l’abbé Réjean Lessard
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